Situé sur la rive ouest du Nil, face à la ville moderne de Louxor, le Ramesseum est un complexe célébrant la grandeur du pharaon Ramsès II. Construit pendant son règne (1279-1213 av. J.-C.), ce monument colossal est bien plus qu’un simple lieu de culte. C’est un hommage à l’immortalité du souverain.
Imaginez vous debout devant les ruines majestueuses du Ramesseum. Les colonnes massives s’élèvent vers le ciel, témoignant de la vision grandiose de Ramsès II. Au cœur de ce temple, une statue assise de Ramsès II, haute de 17 mètres, dominait l’espace. Bien que brisée aujourd’hui, elle reste un symbole de la force et de la détermination du pharaon.
Imaginez les prêtres, au sein du sanctuaire, célébrant les millions d’années de règne divin de Ramsès II, renouvelant son essence spirituelle à travers des rituels sacrés tandis que les dieux de l’Égypte ancienne veillaient sur chaque étape. Le Ramesseum était un lieu où l’histoire et la foi se mêlaient, où la grandeur humaine se confrontait à l’éternité.
Suivez le guide et plongez au cœur de temple extraordinaire, où chaque pierre raconte une histoire millénaire. 🐪🇪🇬✨
- Le Ramesseum à Louxor : informations pratiques
- Le temple de millions d’années de Ramsès II
- Mais qu’est-ce qu’un « temple de millions d’années » ?
- Le Ramesseum à travers les siècles
- Sauvegarde et restauration du Ramesseum
- Plan et architecture du Ramesseum
- Thèmes iconographiques majeurs
- Moments forts de la visite
- Visite virtuelle du Ramesseum avec Christian Leblanc
- Après la visite du temple
- sources
Le Ramesseum à Louxor : informations pratiques
Localisation
Sur la rive ouest de Louxor. Monter vers les colosses de Memnon, continuer jusqu’au rond-point (ticket office), prendre la première à droite (la route des nécropoles). Le temple se trouve un petit kilomètre plus loin sur la droite.
Billetterie
Pas de billet sur place – prendre le billet à la billetterie principale (route de Medinet Habu, après les colosses de Memnon, au rond point, sur la gauche).
En ligne : https://egymonuments.com/
Heures d’ouverture
- De 06h00 à 17h00 (billetterie fermée à 16h00)
- Tous les jours de la semaine
- Le site n’est pas excessivement fréquenté.
- Horaires susceptibles d’être modifiés pendant Ramadan.
Prix
Visiteurs étrangers : 220 Le
Visiteurs égyptiens et arabes : 30 Le
Temps de visite
Photo
1 heure 30
Photo mobile et appareil permise et gratuite.
Ne pas photographier les fouilles ou travaux de restauration en cours durant la saison.
Le temple de millions d’années de Ramsès II
Lorsque Ramsès II monta sur le trône d’Égypte après une corégence avec son père Séthi 1er, il était encore jeune. Cependant, sa vision était immense. Il couvrit l’Égypte de monuments, du nord, où il fonda la capitale Pi-Ramsès, au sud. À Thèbes, il érigea plusieurs monuments en l’honneur d’Amon, son père divin.
Parmi les chantiers prioritaires, figure, bien sûr, la construction de sa tombe dans la Vallée des Rois [KV.7].
Assez rapidement, dès la deuxième année de règne, Ramsès II entreprit la construction du « Château de millions d’années d’Ousermaâtrê Setepenrê ». Le chantier, dirigé par les maîtres d’œuvre Penrê et Amenemone, s’acheva avant la première grande fête-sed du souverain.
Mais qu’est-ce qu’un « temple de millions d’années » ?
Les « temples de millions d’années », attestés à partir de la XIIIe dynastie, se sont développés au Nouvel Empire, notamment à Thèbes. Ils sont parfois appelés « temples funéraires », mais cette appellation est inappropriée pour cette période car contrairement aux époques antérieures, ces temples ne servaient pas uniquement au culte funéraire, mais également à la divinisation du pharaon de son vivant.
Ces monuments, également connus sous le nom de « Châteaux de millions d’années », étaient des mémoriaux prestigieux glorifiant les pharaons constructeurs. Ils associaient le culte royal à celui de la divinité à travers les statues et images du souverain au cœur de l’enceinte sacrée. L’architecture, la statuaire et les reliefs exprimaient un message spirituel où se rejoignaient le céleste et le terrestre.
Chaque jour, un culte était dédié à Pharaon. Ce rituel célébrait à la fois la renaissance quotidienne d’Amon-Rê (symbolisée par le lever du soleil) et la régénération de l’énergie royale. En tant que fils divin de Rê, Pharaon puisait dans cette revitalisation pour rayonner sur toute l’Égypte.
En somme, le Ramesseum, l’un de ces temples, sublimait la fonction royale et symbolisait l’assimilation de l’humain au divin.
Il servait également de mémorial historique, immortalisant les grandes actions de Ramsès et sa symbiose avec Maât.
Le Ramesseum à travers les siècles
Basse époque et période romaine
Après une période faste, le temple de Ramsès II, a subi des épisodes de profanation et de désaffection. Ce sont les événements tumultueux qui ont marqué la fin du Nouvel Empire, en particulier l’époque ramesside qui ont conduit au démantèlement progressif de cet édifice emblématique, entre le début de la Troisième Période Intermédiaire (vers 1050 avant notre ère) et l’époque romaine (IIe siècle après J.-C.).
Entre le début de la Troisième Période Intermédiaire (vers 1050 avant notre ère) et l’époque romaine (IIe siècle après J.-C.), le Ramesseum a perdu près de 60 % de ses composantes en pierre, fournissant des matériaux pour d’autres constructions.
Les lieux servirent également de nécropole à la troisième période intermédiaire et d’église ou d’oratoire aux premiers siècles chrétiens.
Diodore de Sicile (Ier siècle avant J.C.) visita le sanctuaire que l’on considérait alors comme le tombeau d’Osymandias, une déformation grecque du prénom de Ramsès. il décrit ce « tombeau » comme le plus majestueux de toute l’Egypte.
L’heure des « aventuriers égyptologues »
Le temple retournera aux sables jusque voyageurs curieux et « égyptologues aventuriers » ne commencent à le documenter ou … à le piller.


1838
Au XIXe siècle, l’égyptologie était davantage axée sur la recherche et la récupération d’antiquités que sur une compréhension approfondie de la civilisation égyptienne. Henry Salt, consul britannique, finançait des explorations archéologiques en Égypte et revendait les objets découverts avec profit, souvent aux musées européens ou à des collections privées. Le consul français au Caire adoptait une attitude similaire.
La statue de Ramsès II au British Museum

Sur le terrain, des « archéologues aventuriers » sans scrupules rivalisaient, cherchant à s’approprier des trésors. Dans ce contexte de concurrence acharnée, Henry Salt a chargé l’archéologue Giovanni Battista Belzoni de récupérer le buste du Grand Ramsès, qui reposait au sol dans le Ramesseum. Belzoni s’est acquitté de cette mission en 1816, malgré les nombreuses difficultés rencontrées. Le « jeune Memnon » comme fut appelée la statue est aujourd’hui toujours exposée au British Museum.
Le Ramesseum sera inscrit au patrimoine culturel de l’humanité par l’UNESCO en 1979.
Sauvegarde et restauration du Ramesseum
Aujourd’hui, des travaux de dégagement réalisés par l’équipe franco égyptienne dirigée par Christian Leblanc ont permis l’accès à la partie sacrée de l’édifice. Nettoyages et réfections ont rendu à certaines parties du sanctuaire l’éclat et la majesté d’autrefois. Les fouilles se poursuivent sur le site.
Si vous voulez en savoir plus sur le travail réalisés par les équipes de Christian Leblanc : http://www.asramesseum.org/
Plan et architecture du Ramesseum
Le site, appelé par Ramsès II « le château d’Ousermaâtrê Sétepenrê qui s’unit à Thèbes dans le domaine d’Amon » comprend le temple principal, le palais royal, le temple ou mammisi réservé à la reine mère et à l’épouse royale Néfertari, les enceintes, le lac sacré et les annexes en briques, l’ensemble couvrant, avec les dépendances sur une superficie de plus de six hectares.

source : http://www.encyclopedie.bseditions.fr/
le pylône, de 67 à 68 mètres de large et de 23 à 24 mètres d’épaisseur, est suivi d’une première cour de 50 mètres de large dans laquelle se trouvaient un grand colosse de Ramsès II ainsi qu’un autre de sa mère Mouttouya (Touy).

Le colosse du Pharaon aujourd’hui effondré était surnommé « Le soleil des princes » et une fois debout mesurait 17 mètres de haut et pesait plus de 1000 tonnes.
Cette cour menait vers le sud à un palais et était bordée au nord par des piliers osiriaques et au sud par deux rangées de colonnes.
La seconde cour, bordée de piliers osiriaques et de colonnes est suivie d’une grande salle hypostyle, de trois petites salles hypostyles intermédiaires et du sanctuaire.

Enfin, une grande double chapelle dédiée à la mère du roi Mouttouya et à la grande épouse royale Néfertari était accessible à la fois depuis l’extérieur et l’intérieur du temple.
Un grand nombre de magasins, le Trésor et une école entouraient le temple à l’intérieur même de l’enceinte.
Enfin, une voie processionnelle fait le tour du temple le long de l’enceinte côté intérieur au nord, à l’ouest et au sud.

Reconstitution d’une des statues en grès de 4 m de long sur 3,60 m de haut qui bordaient l’allée nord du Ramesseum.
Thèmes iconographiques majeurs
Les thèmes iconographiques, en relief dans le creux, résument les quatre grandes fonctions du souverain.
La fonction royale (politique) est évoquée par plusieurs compositions relatives aux rites du couronnement (imposition des couronnes, remise des sceptres de la royauté, montée royale) et du renouvellement royal.

« Salle des barques » – mur est.
Atoum et Séchat gravent sur les fruits de l’arbre ished (persea, arbre sacré d’Héliopolis) le nom de couronnement de Ramsès.
La fonction sacerdotale: Ramsès, fils du fils du dieu Rê, en tant que pontife préside les grandes cérémonies (fête en l’honneur du dieu Min, » Belle fête de la vallée « , fête du nouvel an, …).

« Salle des barques » : barque processionnelle de Mout portée par des prêtres officiant à l’occasion de la « belle fête de la Vallée ».
La fonction militaire : les murs des pylônes et la grande salle hypostyle du Ramesseum dépeignent avec émotion des batailles et des campagnes militaires. On y trouve des évocations poignantes de la bataille de Qadesh, où les armées égyptiennes affrontèrent avec courage les Hittites pendant la cinquième année du règne de Ramsès II.

Salle hypostyle : les ennemis écrasés à Qadesh
La fonction familiale : place accordée aux représentations princières, à la grande épouse royale Néfertari, et à la reine mère.
Moments forts de la visite
Le « Soleil des Princes » terrassé
Dans la première cour, gisent en morceaux les restes imposants du colosse, surnommé le « Soleil des Princes », une statue monumentale dépeignant Ramsès II assis, mesurant plus de 17 mètres de haut et dépassant les 1000 tonnes. Il s’agit d’une œuvre monolithique taillée dans les carrières d’Assouan. Contrairement à ce qui a été prétendu, ce colosse n’a jamais chuté à cause d’un tremblement de terre. Cette statue gigantesque fut littéralement débitée à l’ère chrétienne et se présente désormais comme un puzzle de 600 pièces. Les motivations derrière un tel acte demeurent un mystère.
Je suis toujours profondément émue par cette statue brisée, effondrée, érigée, pourtant, à la gloire et l’immortalité de Ramsès II.



Les statues osiriaques de la seconde cour
Elles se dressent, « décapitées », esseulées, se dessinant sur la montagne thébaine. Cela devrait ravir les amateurs de photographie.

Les colonnes papyriformes à chapiteau ouvert de la salle hypostyle



La « salle des barques » et son plafond astronomique
Faisant immédiatement suite à la grande hypostyle, se trouve la salle astronomique, encore désignée sous le nom de « salle des barques ». C’est l’une des pièces maîtresse du Ramesseum. Elle conserve huit colonnes . Son plafond dit « astronomiqe » est également bien préservé, avec des gravures montrant le calendrier liturgique. Son décor évoque la fête du jour de l’an à travers son plafond astronomique, et sans aucun doute aussi la belle fête de la Vallée à travers ses parois.
Pour en savoir plus sur le plafond astronomique : http://www.mafto.fr/publications/memnonia/memnonia-i-199091/le-plafond-astronomique-du-ramesseum/
Les magasins
J’ai une affection profonde pour la « zone des magasins » si bien préservée, rappelant que le temple était également un centre économique et un lieu de vie. Cette réalité est plus saisissante au Ramesseum que dans tout autre temple.
Visite virtuelle du Ramesseum avec Christian Leblanc
Après la visite du temple
Après une visite aussi passionnante, prenez le temps de boire un verre au « Ramesseum Rest House » qui se situe juste entre la route principale et le Ramesseum.
Une vraie institution de la Rive Ouest. L’établissement est toujours tenu par les membres de la famille abd el-Rassoul qui a découvert (et pillé) la cachette des momies royales dans la TT 320 à Deir-el-Bahari dans les années 1870.
Pour information on y sert de la bière.
J’espère que cet article vous transportera au cœur de ce temple fabuleux ! N’hésitez pas à partager avec moi votre expérience et vos ressentis, je serais vraiment ravie de les découvrir.
sources
- http://www.mafto.fr/sites-archeologiques/le-ramesseum/
- Leblanc, Christian, « Research, development and management of heritage on the left bank of the Nile: Ramesseum and its environs », Museum International, 2006, 57 (1–2), pp. 79–86.
- Christian Leblanc, « Jalons et limites de la restauration monumentale. Un exemple : le Ramesseum à Louxor », février 2020 in https://anabf.org/pierredangle/magazine/jalons-et-limites-de-la-restauration-monumentale
- Antoine-Jean Letronne, Mémoire sur le monument d’Osymandyas, Mémoires de l’Institut de France, Année 1831-9, pp. 317-387
- https://catalogue.bnf.fr/
- « The Younger Memnon ». The British Museum website.
- Arnold, Dieter. Strudwick, Helen (ed.), The encyclopaedia of ancient Egyptian architecture, 2003, I.B.Tauris