Histoire et Signification des Lanternes de Ramadan en Egypte

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Découvrez l’origine des lanternes de Ramadan, leur importance culturelle et leur rôle dans la tradition égyptienne, leur histoire et signification.

Le Ramadan est bien sûr une tradition sacrée pour toute la communauté musulmane. Chacun l’observe toutefois avec une bonne dose de spécificité culturelle. En Egypte, il est impensable de débuter le mois sacré sans un minimum de décorations et d’illuminations. Star de ces illuminations, la lanterne de Ramadan appelée en arabe « fanous » (« fananis » au pluriel). Elles sont toutefois bien plus qu’un simple objet décoratif, elles sont une expression de la foi, de la culture et de l’identité des musulmans pendant ce mois béni. Découvrons ensemble leur histoire, comment elles se sont inscrites dans le patrimoine musulman et plus particulièrement égyptien.

Louxor, Ramadan 2023
  1. Les lanternes de Ramadan en Egypte
  2. Origine et histoire des lanternes de Ramadan
    1. L’origine fatimide
    2. Une origine pharaonique ?
    3. L’influence chrétienne
  3. Artisanat égyptien aujourd’hui
  4. Sources

Dans les quelques jours qui précédent le début du mois de Ramadan, ces « fanous » ou lanternes se mettent à fleurir à travers la ville, accrochées aux balcons, devant les portes des commerces, aux terrasses des cafés, … Elles s’accompagnent généralement de guirlandes lumineuses ou encore de fanions colorés (parfois réalisés à la main par les enfants).

Louxor, Ramadan 2023

Les lanternes de Ramadan présentent une grande variété de formes, de tailles ou encore de matériaux.

Elles peuvent être en bois, en métal (traditionnellement en cuivre) ou en plastique et encore parfois recouvertes de tissus colorés.

Louxor, Ramadan 2023

Certaines sont ornées de versets du Coran ou encore de vœux (« Ramadan karim », « Ramadan mubarak »), d’autres de figures populaires ou de personnages de dessin animés (de Mohamed Salah, le joueur de football à Bob l’éponge!). Certaines sont minuscules, de l’ordre du jouet, souvent musicales (au grand « plaisir » de l’entourage) alors que d’autres grimpent jusqu’à deux mètres et décorent le lobby d’un hôtel ou l’entrée d’un supermarché.

Soit toute une déclinaison allant du meilleur goût traditionnel au pur kitsch « made in China », du design purement islamique au folklore égyptien. Les fanous participent indubitablement au goût et à l’ambiance particuliers du Ramadan en Egypte. 

L’origine de la lampe ou lanterne de Ramadan donne lieu a beaucoup de spéculations. Il apparaît toutefois clairement qu’il s’agit d’une tradition d’origine purement égyptienne qui s’est répandue, par la suite, à travers tout le Moyen-Orient et le monde musulman en général.

De manière générale, les linguistes relient l’origine du terme arabe « fanous » au terme copte/grec « phanos » signifiant « chandelle » « clarté » ou « lumière ».

Plusieurs versions se concurrencent quant à l’origine de l’utilisation du « fanous » durant le mois de Ramadan soit qu’il soit possible de déterminer laquelle est véritablement à l’origine de la tradition.

L’origine fatimide

La plupart sont reliées à la dynastie des Fatimides (968 – 1171) en Egypte.

Dans une première version, le 15 du mois de Ramadan de l’année 968, le Calife fatimide el-Mo’ezz li-Din-Illah aurait été accueilli à son arrivée au Caire par une multitude de locaux porteurs de lanternes colorées. Cette lanternes étaient constituées de petites plateforme de bois supportant une bougie protégée du vent par un petit dôme réalisé à base de feuilles de palmiers, de tissus ou encore des morceaux de cuir. La tradition des lanternes de Ramadan ce serait développée et perpétuée à partir de cet événement particulier.

Une seconde version relie la tradition à son successeur, la calife Al Hakim bi-Amr-Lillah. Celui-ci se déplaçant pour observer l’apparition du croissant lunaire annonciateur du mois de Ramadan était habituellement accompagné d’enfants enthousiastes, lui ouvrant le chemin de leurs lanternes colorées et entonnant des chants exprimant leur joie. Séduit par ces lanternes, il aurait, plus tard, ordonné à toutes les mosquées de suspendre, durant Ramadan, des lanternes semblables. Celles-ci, allumées au coucher du soleil, indiquaient aux musulmans l’heure de l’iftar et illuminaient les rues largement fréquentées après la rupture du jeûne.

Une autre tradition fait varier légèrement la première partie de l’histoire du Calife Al Hakim bi-Amr-Lillah. Ce ne sont pas les enfants l’accompagnant pour ses observations lunaires qui auraient suscité son intérêt mais les enfants accompagnant les femmes lors de leurs déplacements nocturnes durant le mois sacré. En effet, à l’époque, il était strictement interdit aux femmes de sortir à la nuit tombée. Cette règle s’assouplissait, pour des raisons pratiques, en période de Ramadan. Pour alerter les hommes de leur passage et se déplacer en toute quiétude, elles se faisaient précéder d’un enfant porteur de lanterne. Le suite de l’histoire est la même. L’emploi des lanternes aurait plus tard était généralisé aux mosquées et ensuite aux commerces et aux particuliers.

Une origine pharaonique ?

Certains n’hésitent pas à relier cette tradition aux festivités pharaoniques accompagnant l’observation du lever héliaque de l’étoile Sirius (Sothis). Durant 5 jours, les égyptiens anciens fêtaient les anniversaires d’Osiris, Isis, Horus, Seth et Nephtys en illuminant les rues de flambeaux et torches.

L’influence chrétienne

D’autres encore relient la tradition musulmane égyptienne à la tradition chrétienne primitive d’utilisation de torches et chandelles lors des célébrations.

En conclusion, quelle que soit la véritable histoire de la lanterne de Ramadan, au-delà de la tradition, on peut sans conteste affirmer qu’elle est égyptienne et que cette tradition s’est répandue, avec un succès, à l’ensemble du monde musulman où elle est devenue un élément incontournable du mois sacré.

La production historique du fanous est située dans le Caire historique, autour de la mosquée Ibn Touloun. Le nombre d’ateliers de fabrication a malheureusement cruellement décru depuis les années 70. C’est à cette époque que le marché a été inondé de productions chinoises. Concurrence à laquelle les producteurs locaux ont bien sûr eu du mal à faire face. Depuis 2015, le gouvernement égyptien a légiféré des mesures protectionnistes concernant la production locale et de nouveau, les égyptiens eux-mêmes se tournent vers celle-ci. Bien que l’artisanat local reste plus cher, il est garant de savoir-faire, de tradition et de qualité. Les formes traditionnelles retrouvent leur place dans les rues et les maisons.
Voir à ce propos l’article de Dina Bakr dans El-Ahram en ligne : Ramadan, le fanous égyptien reprend la main.

Sources

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