Louer une voiture pour un road trip en Égypte ?
Une question récurrente dans les forums voyage et groupes dédiés aux voyages en Egypte.
La réponse est clairement non – même si l’idée semble séduisante avec ses promesses de liberté et d’économies.
Surtout si c’est votre première expérience dans un pays du Sud ou un pays africain.

Entre les restrictions de déplacement, les risques sécuritaires, les particularités locales et les alternatives bien plus adaptées et plus économiques, la location de voiture s’impose comme une mauvaise idée pour explorer l’Égypte en toute sérénité.
Oui, conduire soi-même offre théoriquement quelques avantages : flexibilité pour découvrir L’Egypte ou les sites isolés, budget maîtrisé…
Mais la réalité est tout autre. Heureusement, il existe des solutions peu coûteuses et bien plus sécurisées pour votre road trip égyptien – transports en commun, chauffeurs privés ou excursions organisées.
Voici pourquoi il vaut mieux éviter la location de voiture en Égypte, et par quoi la remplacer
Pourquoi conduire en Égypte est compliqué (voire dangereux)
La conduite locale : un chaos organisé
Même avec une expérience des routes du Maghreb, l’Égypte surprend par un mépris des règles de circulation inégalé.
Ici, les notions de sens interdit, limitations de vitesse, bandes de circulation ou priorités relèvent souvent de la théorie. Feux rouges ignorés, dépassements périlleux…
La loi tacite ? « Je klaxonne, je passe en premier – Insha Allah ». Un chaos où seuls les conducteurs locaux semblent décrypter l’illogisme ambiant.

Le Caire et les grandes villes : un enfer routier
Klaxons incessants, embouteillages monstrueux, priorités bafouées… Conduire au Caire ou dans les métropoles égyptiennes relève du parcours du combattant.
Entre les motos qui slaloment, les piétons qui traversent n’importe où et les voitures garées en triple file, le chaos est érigé en système.
- Embouteillages interminables : Les artères principales sont saturées aux heures de pointe, avec des conducteurs prêts à griller le moindre espace.
- Parking mission impossible : Les places légales sont saturées, et le parking sauvage empire la circulation.
- Piétons vs véhicules : Une cohabitation anarchique où chacun joue sa survie.
Résultat : Une expérience épuisante, même pour les habitués des villes congestionnées.
Signalisation en arabe et absence de panneaux
Vous trouverez très peu de signalisation en Anglais, et pas du tout en dehors des zones touristiques. A moins de maitriser l’arabe, cela représente une difficulté de plus.
Etat des routes et chantiers permanents
Si l’Égypte a lancé d’importants travaux de rénovation routière ces dernières années, la réalité sur le terrain reste périlleuse pour les conducteurs:
- Chantiers mal signalés : Des portions de route rétrécies, des déviations inopinées… et peu de panneaux pour vous guider.
- Routes à contresens non séparées : Des voies étroites où les véhicules se croisent sans ligne claire, augmentant les risques de collision.
- Absence d’éclairage : Beaucoup d’axes, même principaux, plongent dans le noir dès la nuit tombée – un danger supplémentaire.
Résultat : Une conduite sous tension, où vigilance et anticipation sont indispensables
Un réseau routier très accidentogène : réalités et statistiques 2024-2025
Les statistiques 2024 : 5260 morts sur les routes égyptiennes en 2024 (CAPMAS) contre 5861 in 2023 soit une baisse de 10.3%.
Les mesures prises par le gouvernement (lutte contre l’usage de stupéfiants, amélioration des routes, campagnes de prévention,…) portent leurs fruits avec un baisse substantielle d’année en année.
Toutefois, la route à parcourir reste longue:
- Les blessures causées par la circulation routière ont augmenté à 76362 en 2024, contre 71016 en 2023, soit une augmentation de 7,5 %.
- Routes rapides = zones à haut risque : Les axes principaux (Louxor-Le Caire , ring road Le Caire et Alexandrie, routes désertiques) concentrent les accidents graves.
- Comparaison internationale : L’OMS classe l’Égypte comme 2x plus dangereuse que la moyenne mondiale (15,1 vs 8,3 morts/100 000 hab.).
Article « Cairo-Scene » sur les mesures prises par le gouvernement (juillet 2025) (en)
Article « Egypt Daily News » sur les dernières mesures visant à améliorer la sécurité routière (juillet 2025) (en)
GPS en Égypte : une fausse sécurité
Oubliez l’idée de compter sur votre GPS pour vous guider en Égypte et palier au chaos des route.
La réalité terrain rend la technologie souvent inutile, voire trompeuse, même si on constate un certaines amélioration ces dernières années :
- Zones sans aucun signal : Dès que vous quittez les villes ou la Vallée du Nil pour le désert, les connexions internet deviennent aléatoires.
- Cartographies obsolètes : Les nombreuses routes modifiées par les chantiers permanents n’apparaissent pas sur les applications – vous risquez de suivre des tracés qui n’existent plus.
- Des itinéraires proposés par votre GPS mais interdits dans les faits.
Conséquence : Une navigation à l’ancienne, où les panneaux (quand il y en a) et l’aide locale deviennent vos seuls repères fiables.
Check-points et interdictions de circuler: un casse-tête pour les conducteurs
Routes fermées sans préavis – Météo et sécurité
Les autorités égyptiennes imposent des fermetures soudaines de axes routiers, souvent pour des raisons météorologiques :
- Hurghada-Louxor : Fermeture fréquente lors des tempêtes de sable.
- Le Caire-Alexandrie ou le Caire-Siwa : Bloqué en cas de brouillard dense.
Ces interdictions peuvent durer plusieurs heures voire la journée complète, sans alternative possible.

Routes interdites aux touristes et check-points
- Routes interdites aux étrangers : Certains axes sont officiellement réservés aux locaux, et les check-points (omniprésents) ne feront pas d’exception.
- Par exemple : la route rapide Hurghada-Louxor (du désert)
- Autre esemple : la route Marsa-Alam – Assouan passant par Edfou (obligation de remonter jusque Safaga et ensuite de redescendre via Louxor)
- Ne vous fiez jamais aux itinéraires proposés par votre appli GPS, la plupart de ces routes vous seront interdites.
- Risque de refus : même avec un véhicule privé de location, les officiers préfèrent vous renvoyer plutôt que de prendre un risque.
- Contrôles longs : Comptez des arrêts systématiques et chronophages à chaque poste.
Conduire de nuit – Double danger
- Interdictions partielles : Certaines routes sont officiellement fermées la nuit aux touristes (ex: Hurghada-Louxor)
- Déconseillé même si autorisé : Entre l’éclairage défaillant et les chantiers non signalés, rouler après la tombée du jour relève de la prise de risque inutile.
Location de voiture en Égypte : coûts élevés et conditions restrictives
Des tarifs proches de l’Europe…
Dans les agences officielles de location, les prix pratiqués sont quasi alignés sur les prix européens. Ce qui rend la location relativement peu compétitive par rapport à d’autres moyens de transport.
Comptez un minimum de 70 euros/jour avec les assurances. Vous devrez également apporter une caution assez élevée.
Méfiez vous des privés qui vous proposent une location de véhicule entre particuliers sur les forums ou les groupes. Référez vous aux agences qui ont pignon sur rue.
Des conditions restrictives de location : âge, permis et expérience obligatoires
Ces conditions varient un peu d’une agence à l’autre et en fonction des véhicules:
- Restrictions d’âge :
- Minimum : 20-25 ans selon les agences.
- Maximum : Certaines refusent les conducteurs de plus de 60 ans.
- Règles immuables :
- Permis international obligatoire.
- 2 ans d’expérience de conduite minimum.
En synthèse
Louer une voiture pour un road trip en Égypte ? La réponse est clairement non.
Entre l’extrême dangerosité des routes (chaos urbain, conducteurs indisciplinés, absence de signalisation), les contraintes logistiques (check-points, routes interdites aux touristes) et les coûts disproportionnés (tarifs européens pour un service aléatoire), la location s’impose comme une mauvaise option – surtout pour les voyageurs non avertis.
Privilégiez les alternatives :
- Chauffeurs d’agence (souplesse + sécurité).
- Transports en commun (trains, bus entre villes).
Conduire en Égypte exige une tolérance au risque incompatible avec des vacances sereines. Mieux vaut laisser le volant aux professionnels… et profiter du paysage.