Vous avez sans doute remarqué au pied du Winter Palace juste sous la première terrasse, les galeries et magasins Gaddis. Il ne s’agit pas d’un quelconque magasin de souvenirs vendant des babioles importées de Chine. Installés à l’ombre du Winter Palace depuis 1907, les magasins Gaddis, studio photos à l’origine, sont une véritable institution à Louxor. Leur longue histoire est passionnante et intimement liée à celle du Winter et des grandes découvertes égyptologiques du début du XXème siècle. Si on y trouve tout ce que l’on peut souhaiter en terme de souvenirs (avec l’avantage de prix fixes et clairement indiqués), l’intérêt de la galerie réside dans son ambiance délicieusement vieillotte, son histoire et surtout dans une collection de photos d’époque dont les reproductions sous différents formats sont disponibles à la vente. N’hésitez pas à y faire un tour.
Laissez moi vous raconter leur histoire …
Aux origines des Galeries Gaddis
En 1897, le célèbre photographe italo-Britanique Antonio Beato prend pour assistant un jeune local âgé de 8 ans, Attaya Gaddis. Il l’emploie dans son studio photo de Louxor où se pressent visiteurs et touristes et l’initie aux techniques photographiques de l’époque.
En 1907, après le décès de son mentor (en 1905?-1906?), Attaya rachète son matériel, ouvre son propre studio photo et s’installe dans les galeries du Winter. Il a 18 ans et s’associe à Girgis Seif. Leur association prendra fin en 1933 lorsque Seif ouvrira, avec beaucoup moins de succès son propre studio. Ils seront les deux premiers égyptiens a faire une percée significative dans une profession essentiellement dominée, à l’époque, par les étrangers.

Pour rentabiliser son activité, Attaya effectue les reportages photos des touristes et dignitaires, les accompagnant au gré de leurs pérégrinations en Egypte. Il travaille également pour de grands noms de l’Egyptologie, comme le Belge, Jean Capart.

Gaddis & co, 1999
A côté de cette activité lucrative, Gaddis se met à photographier absolument tout, depuis les pyramides jusqu’aux tribus nubiennes en passant par des scènes de la vie quotidienne et rurale. Ses portraits sont particulièrement émouvants. C’est avec lui que naît la photo naturaliste en Egypte. Ensemble, Gaddis et Seif ont constitué un fond de près de 2500 négatifs sur plaques de verre.




Source des images : « Memories from the past Luxor during the 20th century »,
Gaddis & co, 1999
Un modèle de réussite
En 1922, la fièvre Toutankhamon s’emparant de l’Occident, l’afflux touristique rend les affaires de Gaddis assez prospères. Ses talents sont très demandés. Sa notoriété de photographe grandit et certaines de ses photos illustrent les guide de voyage.
Un second studio est ouvert à Ismaïlia. Gaddis a le sens des affaires et spécialisera ce studio, durant la seconde guerre mondiale, dans la photographie de soldats anglais à leur arrivée sur le territoire égyptien. A la fin de la seconde guerre mondiale, Attaya profite du départ massif des anglais, propriétaires, à Louxor, de la majorité des magasins et bazars, pour étendre ses activités et ouvrir sa propre boutique de souvenirs à destinations des touristes réguliers. La galerie telle qu’on la connait aujourd’hui est née.




En 1952, Gaddis prépare sa retraite et transmet ses affaires et son studio photo à ses deux enfants. Ni l’un, ni l’autre n’étant photographe, ils se recentreront plutôt sur l’activité « boutique de souvenirs ».

Gaddis meurt en 1972, laissant une magnifique et très large collection de photographie. Les négatifs préservés par la famille seront restaurés, archivés et serviront de base à une collection de livres et de reproductions disponibles à la vente.
Ainsi, lorsque vous visiterez les magasins Gaddis, souvenez-vous de cette riche histoire. Vous y trouverez non seulement des souvenirs, mais aussi une collection de photos d’époque, disponibles à la vente. N’hésitez pas à faire un tour et à vous immerger dans cette ambiance délicieusement vieillotte qui témoigne du passé glorieux de Louxor. 📸🌟